ETHIOPIE : CONTRIBUTION
DES FEMMES AFRICAINES A LA DECLARATION
SURL’INTEGRATION DE LA PERSPECTIVE GENRE DANS L’UNION
AFRICAINE
Document complet »
Nous, représentants
des organisations de la société civile africaine
s’intéressant aux questions de genre et de développement,
basées en Afrique et en Diaspora, réunies en
consultation sur l’intégration de la perspective
genre dans l’Union africaine, organisée par cette
dernière en collaboration avec Femmes Africa Solidarité
(FAS), à Addis-Abeba, Ethiopie, du 28 au 29 juin 2004,
la veille de la troisième session ordinaire de la Conférence
des Chefs d’Etat et de Gouvernement :
Rendant hommage aux Chefs
d’Etat et de Gouvernement pour leur leadership et leur
décision historique relative à la parité
entre les hommes et les femmes et pour leur engagement visant
à inscrire le genre à l’ordre du jour
de l’Union africaine ;
Nous félicitant de
l’adoption, à Maputo, Mozambique, en juillet
2003, du Protocole à la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme
en Afrique en vue d’assurer la promotion et la protection
des droits des femmes, notamment en les dotant de moyens leur
permettant de lutter contre le VIH/SIDA, la violence à
l’égard des femmes et de promouvoir leur participation
économique et politique ;
Notant avec appréciation
tous les efforts déployés par le Cabinet du
Président de l’Union africaine en vue de s’assurer
que les questions de l’égalité entre les
hommes et les femmes sont maintenues à l’ordre
du jour et que les femmes occupent des positions d’importance
à l’Union africaine, ainsi que sa volonté
de s’inspirer des expériences collectives de
ses partenaires, notamment les organisations activement impliquées
dans les questions de genre et de développement ;
Nous félicitant de
la transformation du Comité des femmes pour la paix
et le développement en Comité des femmes de
l’Union africaine, avec le statut d’organe consultatif
auprès du Président de la Commission de l’Union
africaine ;
Saluant la création
de la Direction du Genre au sein du Cabinet du Président
de la Commission, pour coordonner toutes les activités
et tous les programmes de la Commission portant sur les questions
du genre ;
Saluant en outre le processus
de formulation et d’élaboration de la vision,
de la mission et du cadre stratégique de l’Union
africaine, tenant compte de la perspective genre ;
Encouragées par la
volonté des Commissaires de l’Union africaine
d’intégrer la perspective genre dans leurs programmes
en vue d’assurer la réalisation de la mission,
de la vision ainsi que du cadre stratégique de la Commission
de l’Union africaine ;
Reconnaissant l’importance du processus de Beijing +
10 et des rôles complémentaires de la Commission
de l’Union africaine et de la Commission économique
pour l’Afrique dans l’avancement dudit processus
;
Considérant que les
importantes contributions des femmes africaines dans les domaines
politiques, économiques, sociaux et culturels favoriseront
l’accélération de l’intégration
régionale ;
Engagées à soutenir
l’instauration d’un processus consultatif avec
les groupes de femmes à tous les niveaux, dans un réel
esprit de démocratie, de transparence, d’obligation
de rendre compte et de bonne gouvernance ;
PRENONS L’ENGAGEMENT
D’APPORTER NOTRE APPUI A LA VISION ENONCEE DANS L’ACTE
CONSTITUTIF ET AU CADRE STRATEGIQUE DE L’UNION AFRICAINE;
ET AINSI, DANS UN ESPRIT DE COOPERATION, PROPOSONS POUR EXAMEN
ET ADOPTION LES RECOMMANDATIONS CI-APRES :
Parité hommes-femmes
1) Exhorter la Conférence des Chefs d’Etat et
de gouvernement de l’Union africaine à assurer
la mise en œuvre des décisions relatives à
la parité entre les hommes et les femmes, aux niveaux
régional, sous-régional, national et local ;
2) Lancer un appel aux Etats membres pour qu’ils appuient
les programmes, la vision, la mission et le cadre stratégique
de l’Union africaine, notamment la composante genre
;
3) Demander à la Commission de l’Union africaine
d’accélérer la mise en œuvre des
programmes relatifs à la Direction chargée des
questions de genre, ainsi que le processus de l’intégration
de la perspective genre dans les politiques et les programmes
de l’Union africaine ;
Beijing + 10
4) Lancer un appel à l’Union africaine et la
Commission économique pour l’Afrique en vue d’élaborer
les stratégies, les références et les
mécanismes de suivi de la mise en œuvre de la
Plate-forme d’action de Beijing, des Objectifs de développement
du Millénaire, de la Résolution 1325 du Conseil
de Sécurité des Nations Unies sur les femmes,
la paix et la sécurité, ainsi que de tous les
autres instruments connexes ;
Protocole à la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples relatif
aux droits de la femme en Afrique
5) Exhorter les Etats membres à signer et à
ratifier le Protocole à la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme
en Afrique d’ici la fin 2004 et à appuyer le
lancement de campagnes publiques en vue de la sensibilisation
sur l’importance de ce Protocole pour les femmes pour
d’assurer son entrée en vigueur en 2005. Ce processus
marquera une période de l’incorporation dans
les législations de tous les Etats membres du Protocole
et d’autres instruments régionaux et internationaux
portant sur l’égalité entre les hommes
et les femmes ;
Partenariat
6) Inviter la Commission de l’Union africaine à
établir des liens et des partenariats stratégiques
avec les institutions, les ONG et autres organisations pertinentes
susceptibles de favoriser la mise en œuvre des programmes
et des activités de la Commission de l’Union
africaine ;
Participation politique
7) Exhorter les Etats membres à développer des
politiques et des stratégies en faveur de la parité
dans le domaine de l’éducation des filles et
des garçons et leur assurer l’égalité
d’accès à la Technologie de l’information
et de la communication (TIC) en tant que vecteur clé
de la promotion de la parité à tous les niveaux
;
Pouvoir économique
8) Inviter les Etats membres à renforcer le pouvoir
économique des femmes en mettant sur pied des mécanismes
prenant en compte leurs préoccupations et en adoptant
de nouvelles approches susceptibles de favoriser un environnement
assurant aux femmes et aux hommes un égal accès
aux ressources ;
Conflits, Violence contre
les femmes et les enfants
9) Lancer un appel aux Etats membres en vue de la mise en
place et de la mise en application d’un code de conduite
visant à prévenir le recrutement et l’enrôlement
forcé d’enfants soldats et prévoir des
ressources en vue de la réhabilitation des enfants-soldats
; Et, créer un Fonds spécial destiné
à faciliter ce processus, conformément aux dispositions
de la Charte africaine des droits et du bien-être de
l’enfant ainsi que de la Convention Internationale sur
les droits de l’enfant;
Lancer également un
appel aux Etats membres en vue de l’accélération
de la mise en application de la Résolution 1325 du
Conseil de sécurité des Nations Unies sur les
femmes, la paix et la sécurité ;
Suivi et évaluation
10) Inviter les Etats partis à élaborer, au
niveau national, des indicateurs appropriés de suivi
et d’évaluation de la performance des Etats membres
dans la promotion et la protection des droits des femmes tel
que stipulé par les instruments nationaux, régionaux
et internationaux des droits de la femme et, chaque année,
faire rapport à la Conférence des Chefs d’Etat
et de gouvernement sur les progrès réalisés
;
Engagement et appréciation
Nous, représentants
d’organisations de la société civile africaine
ayant participé à la réunion consultative,
au vu de ce qui précède, prenons l’engagement
de continuer à soutenir pleinement ces initiatives
novateurs et à diffuser et vulgariser les dispositions
de l’Acte constitutif de l’Union africaine et
d’autres instruments et exhortons tous les partenaires
à soutenir leur mise en œuvre en prévoyant
des ressources à cet effet ;
Nous réitérons
notre appréciation à tous les partenaires pour
leur soutien à la mobilisation grâce à
laquelle des progrès considérables ont été
réalisés en matière d’égalité
entre les hommes et les femmes, conformément aux objectifs
fixés par le Réseau des femmes africaines ;
Nous demandons l’institutionnalisation
du processus consultatif entre les Organisation de la société
civile africaine oeuvrant dans le domaine du développement
et des questions de genre, d’une part, et l’Union
africaine, d’autre part, étant donné que
« le Genre est notre Agenda » ; et que la question
de genre figure à l’ordre du jour de toutes les
réunions de l’Union africaine.
Fait à Addis Abeba, Ethiopie, le 29 juin 2004