LA RESOLUTION DE
BANJUL Document complet »
Résolution adoptée
Par
1. Le forum des Femmes de l’Union Africaine préalable au sommet sur « la promotion d’une gouvernance sensible au genre dans les pays sortant de conflits »
2. Forum de la Solidarité pour les droits de la Femme (soawr) sur l’accélération de la ratification et de l’incorporation du protocole sur les droits de la femme en afrique dans les législations nationales
3. La 8ème consultation sur l’intégration de la dimension genre dans l’union africaine sur “Le genre : mon agenda” : campagne sur la mise en oeuvre de la déclaration solennelle sur l’égalite du genre en afrique.
22-27 juin 2006, kairaba hotel. Banjul, gambie
RÉSOLUTION
Nous, les participants aux
forums suivants :
Le Forum des femmes de l’Union
africaine préalable au Sommet sur « la promotion d’une gouvernance sensible au genre dans les pays sortant de conflits »
Le Forum de la solidarité
pour les droits de la femme (SOAWR) sur l’accélération
de la ratification et de l’incorporation du Protocole
sur les droits de la femme en Afrique dans les législations
nationales ;
La 8ème consultation
sur l’intégration de la dimension genre dans
l’union africaine sur “Genre : mon Agenda”
: Campagne sur la mise en oeuvre de la déclaration
solennelle sur l’égalité du genre en Afrique
Reconnaissant l’engagement
renouvelé des Chefs d’Etat et de gouvernement
de l’Union africaine à l’égalité
de genre et les efforts louables déployés par
la Direction des affaires féminines, du genre et du
développement de l’Union africaine, les organisations
de la société civile et les partenaires de développement
internationaux,
Reconnaissant l’existence
des instruments garantissant la protection du droit des femmes
en situation de conflit à la paix et à la sécurité,
notamment le Protocole à la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples relatifs aux droits de la
femme en Afrique (Protocole sur les droits de la femme en
Afrique), la Convention sur l’Élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes (CEDAW), le Pacte international des droits civils
et politiques, les Plateformes d’action de Beijing et
de Dakar ainsi que la Résolution 1325 du Conseil de
sécurité des Nations Unies,
Rappelant l’engagement des Chefs d’Etat et de
gouvernement à l’égalité du genre
en tant qu’objectif majeur de l’UA tel que stipule
dans l’article 4 (1) de l’Acte constitutif de
l’Union africaine, particulièrement la décision
de mettre en oeuvre et d’affirmer le principe de la
parité du genre prise lors de la Session inaugurale
de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement
de l’UA en juillet 2002 à Durban, Afrique du
Sud et sa concrétisation lors de la Session ordinaire
de la Conférence tenue à Maputo, Mozambique
en 2003, la Déclaration solennelle sur l’égalité
du genre en Afrique (SDGEA) adoptée par la Conférence
des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union
africaine à Addis-Abeba, Ethiopie en juillet 2004,
ainsi que l’entrée en vigueur du Protocole sur
les droits de la femme en Afrique,
Se félicitant de la
décision prise par la République de Gambie de
lever ses réserves antérieures sur le Protocole
sur les droits de la femme en Afrique,
Se félicitant en outre
du soutien et de l’assistance apportés par la
République de Gambie aux différentes réunions
consultatives des femmes en prélude au Sommet,
Reconnaissant les efforts
continus des organisations et des réseaux de femmes
sur le continent en vue de l’implication des femmes
dans les processus de règlement des conflits et de
maintien de la paix,
Ayant à l’esprit
notre engagement d’assurer le suivi, l’évaluation
et de faire rapport sur la mise en oeuvre de la Déclaration
solennelle ainsi que d’assurer le suivi de la mise en
oeuvre du Protocole sur les droits de la femme en Afrique,
Soulignant l’importance
d’un processus d’intégration régionale
interne à l’Afrique et bien coordonné,
garantissant la participation efficace de la femme dans le
commerce intra-africain et l’émancipation économique
des femmes,
Réitérant l’importance
de la promotion de mécanismes régionaux solides
et efficaces de prévention des conflits et de maintien
de la paix qui sont favorables au genre et intègrent
les préoccupations des femmes,
Condamnant les abus continus et les violations des droits
des femmes et des filles du Soudan, de la République
démocratique du Congo, de Somalie et du nord de l’Ouganda
et dans toutes les situations de conflits armés,
Félicitant la Commission
de l’Union africaine pour:
• La tenue de la Première Conférence des
Ministres responsables du genre et des affaires féminines
en octobre 2005;
• La mise en place du Comité des femmes de l’Union
africaine (AUWC);
• L’entrée en vigueur du Protocole sur
les droits de la femme en Afrique en novembre 2005;
• L’application du principe de la parité
par la Commission de l’Union africaine, y compris la
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
et le Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC);
• Les dispositions prises par la Commission de l’Union
africaine pour enquêter sur les allégations de
violences sexuelles par certains soldats de la Mission africaine
au Soudan (AMIS).
Prenant l’engagement
suivant :
• Contribuer au processus d’élaboration
de rapports sur la Déclaration solennelle aux niveaux
national et de la Commission de l’Union africaine;
• Mettre en place un système d’encadrement
pour promouvoir l’implication des jeunes dans nos programmes;
• Renforcer le mouvement des femmes au niveau africain;
• Encourager la participation des femmes dans la politique
et plaider pour la réforme des systèmes électoraux
afin de faciliter leur participation;
• De rassembler et de publier les leçons apprises
et les meilleures pratiques en faveur de l’échange
d’expériences dans nos différents domaines
d’intervention.
Profondément préoccupés par:
• La prévalence des violents conflits et guerres
sur le continent ainsi que les abus systématiques contre
les femmes et les filles;
• L’impunité continue des auteurs des crimes
contre l’humanité et des crimes de guerre commis
contre les femmes et les enfants ainsi que les défaillances
des systèmes de justice transitionnelle;
• La participation réduite et limitée
des femmes dans les mécanismes de règlement
des conflits malgré l’existence des instruments
tels que la Déclaration solennelle sur l’égalité
du genre en Afrique, le Protocole sur les droits de la femme
en Afrique et la Résolution 1325 du Conseil de sécurité
des Nations Unies;
• Le rejet du Protocole sur les droits de la femme en
Afrique par l’Assemblée nationale de la République
du Niger et la lenteur généralisée des
ratifications, de l’incorporation dans les lois nationales
et de la mise en œuvre du Protocole sur le continent
;
• L’insuffisance des ressources financières
consacrées aux initiatives des femmes pour la paix
;
• Le fait que deux ans après l’adoption
de la Déclaration solennelle,
-La création du Fonds africain pour le financement
des femmes n’a pas encore été initiée;
-Le principe de la parité n’a pas été
appliqué dans la nomination et l’élection
des juges de la Cour africaine des droits de l’homme
et des peuples
RECOMMANDONS CE QUI SUIT :
1. Le renforcement du principe
de la parité du genre déjà adopté
par l’Union africaine et contenu dans la Déclaration
solennelle sur l’égalité du genre en Afrique
par les organes de l’Union africaine, les Communautés
économiques régionales (CER), les Etats membres
et les mécanismes de paix et de gouvernance; et l’amendement
des Statuts du Parlement panafricain pour permettre l’inclusion
d’au moins deux femmes sur cinq représentants
;
2. Du Protocole sur les droits
de la femme en Afrique, que :
• Les Etats membres oeuvrent pour la ratification universelle
du Protocole sans tarder et que ceux qui l’ont ratifié
avec réserves les retirent et le mettent en vigueur
dans sa forme actuelle;
• Les Etats membres qui ont ratifié le Protocole
prennent immédiatement des dispositions pour l’incorporer
dans leurs législations nationales, qu’ils le
mettent en œuvre et harmonisent leurs législations
nationales avec les dispositions du Protocole;
• Les Etats membres mettent en place les mécanismes
propres à s’assurer que le Protocole est adéquatement
diffusé;
• Le Gouvernement du Niger invite son Assemblée
nationale à reconsidérer sa décision
de rejeter le Protocole dans son intégralité.
3. De la Sécurité
humaine, que :
• Les Etats membres
oeuvrent à l’élimination de tous les conflits
armés sur le continent;
• Le Conseil de paix et de sécurité de
l’UA veille à la mise en œuvre effective
des articles 10 et 11 du Protocole sur les droits de la femme
en Afrique, relatifs aux droits de la femme en situations
de conflits;
• L’Union africaine, les CER et les Etats membres
accordent la priorité à la sécurité
humaine et une attention particulière à l’élimination
des violences sexuelles et sexo-spécifiques, y compris
la violence contre les enfants. La violence contre les femmes
ne doit plus être tolérée dans nos pays,
aussi bien en temps de guerre que de paix;
• L’UA, les CER, les Etats membres et les autres
partenaires assurent la promotion des mécanismes de
négociation dans lesquels les femmes sont équitablement
représentées et qui répondent aux besoins
des femmes;
• Les Chefs d’Etat et de gouvernement, les mécanismes
de l’UA et la Communauté internationale prennent
des mesures urgentes pour punir les auteurs des viols, des
violences sexuelles, de l’exploitation et des abus contre
les femmes et les enfants dans les zones de conflits;
• Les Etats membres et les CER, avec l’appui de
l’Union africaine, harmonisent leurs politiques et leur
lois relatives aux droits des femmes à la propriété
et à la terre, en accordant une attention particulière
aux femmes affectées par les conflits armés
et les autres formes de violence;
• Les Etats membres garantissent aux femmes l’accès
à la terre et une part aux ressources ou autres gains
issus des activités d’exploitation minière;
• Les Etats membres veillent à la promotion de
la bonne gouvernance et créent un environnement favorable
à la protection des droits de la femme;
• Les Etats membres mettent en place des mécanismes
de lutte contre l’impunité et la corruption;
• Les Etats membres intègrent dans les programmes
scolaires l’éducation aux droits humains et à
la paix ainsi que les “compétences de la vie
»;
• Les Etats membres assurent aux femmes l’accès
aux soins de santé.
4. Du suivi et de l’évaluation,
que :
• L’UA crée et assure le maintien d’une
base de données globale sur les différents réseaux
panafricains dans le but d’harmoniser les activités
et de faciliter l’échange des meilleures pratiques
sur le genre, la gouvernance et le maintien de la paix;
• L’UA et les OSC s’investissent dans la
collecte et la publication des données et la promotion
des aspects positifs de la culture africaine qui encouragent
et reconnaissent l’importance de la paix et favorisent
l’émancipation de la femme et de la petite fille;
• L’Union africaine met en place un solide cadre
de suivi pour accompagner le Protocole sur les droits de la
femme en Afrique afin de faciliter l’examen des rapports
nationaux y relatifs;
• Le Parlement panafricain, les CER et toutes les assemblées
nationales apportent leur contribution aux rapports annuels
des Etats sur la Déclaration solennelle sur l’égalité
du genre en Afrique.
Fait à Banjul, Gambie 27 juin 2006.