DECLARATION SOLENNELLE SUR L’EGALITE
ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES EN AFRIQUE
Nous, Chefs d’Etats et
de gouvernements des Etats membres de l’Union Africaine,
réunis en la troisième session ordinaire de notre
Conférence à Addis Abeba, (Ethiopie), du 6 au
8 juillet 2004 :
Réaffirmant notre
engagement au principe de l’égalité entre
les hommes et les femmes, tel qu’énoncé
dans l’Article 4(1) de l’Acte constitutif de l’Union
africaine ainsi qu’aux autres engagements, principes,
objectifs et actions existants spécifiés dans
divers instrument régionaux, continentaux et internationaux
sur les droits de l’homme et des femmes, notamment le
plate-forme d’action africaine (1994), la plate-forme
d’action de Beijing (1995), la Convention sur l’élimination
de toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes (1979), le plan d’action africain pour l’accélération
de la mise en oeuvre des plates-formes d’action africain
de Dakar et de Beijing pour la promotion de la femme (1999),
le document adopté par la vingt-troisième session
extraordinaire de l’Assemblée générale
des Nations unies sur la mise en oeuvre de la Plate- forme d’action
de Beijing (2000) ; la résolution 1325 des Nations unies
sur les femmes, la paix et la sécurité (2000)
; et le Protocole à la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples, relatif au droits des femmes en
Afrique ;
Réaffirmant notre décision sur
la parité entre les hommes et les femmes prise à
la session inaugurale de la Conférence des Chefs d’Etat
et de gouvernement de l’Union africaine en juillet 2002
à Durban (Afrique du Sud), et concrétisée
lors de la deuxième session ordinaire de la Conférence
à Maputo (Mozambique), en 2003, par l’élection
de 5 femmes commissaires et de 5 commissaires hommes.
Notant avec satisfaction que notre décision
sur la parité entre les hommes et les femmes est un acte
historique qui n’existe sur aucun autre continent ou organisation
continentale ;
Réaffirmant notre engagement à
poursuivre, à intensifier et à accélérer
nos efforts pour promouvoir l’égalité entre
les hommes et les femmes à tous les niveaux ;
Déterminés à consolider
les progrès que nous avons réalisés dans
la recherche de solutions aux préoccupations majeures
des femmes d’Afrique ;
Conscients de notre décision historique
d’adopter le Protocole à la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des
femmes en Afrique lors de la session ordinaire de la Conférence
tenue à Maputo (Mozambique) ;
Notant la décision du Président
de la Commission de l’Union africaine de transformer le
Comité des femmes africaines pour la paix et le développement
en un Comité des femmes africaines de l’Union africaine
dont le Secrétariat sera situé au sein de la Direction
du «Genre», et servira d’organe consultatif
pour le Président en ce qui concerne les questions de
genre et de développement ;
Reconnaissant que les défis et obstacles
majeurs en matière d’égalité entre
les hommes et les femmes persistent et nécessitent un
leadership et des efforts concertés et collectifs de
notre part, y compris les réseaux oeuvrant dans le domaine
de l’égalité entre les hommes et les femmes
et du développement ;
Profondément préoccupés par la situation des femmes et l’impact négatif
qu’ont sur les femmes les problèmes, tels que le
VIH/SIDA, les conflits, la pauvreté, le nombre élevé
des femmes réfugiées et déplacées,
l’exclusion des femmes de la politique et du processus
de prise de décision, l’analphabétisme et
l’accès limité des filles à l’éducation
;
Conscients des politiques et programmes que
nous avons mis en place pour contenir la propagation de la pandémie
de VIH/SIDA ainsi que les défis auxquels se heurte actuellement
cette campagne ;
Préoccupés par le fait que les
femmes et les enfants sont les principales victimes des conflits
et des déplacements à l’intérieur
du pays, notamment les viols et les massacres, et que les femmes
sont en général exclues de la prévention
des conflits et des processus de négociation de la paix
et de consolidation de la paix ;
Conscients du fait que la faible représentation
de la différence numérique existant entre le Nord
et le Sud, entre les hommes et les femmes et du rôle des
technologies de la communication et de l’information (TIC)
dans la promotion des questions de l’égalité
entre les hommes et les femmes, tel que souligné dans
la Déclaration du Forum de Tunis sur «l’egenre»
, tenu en mai, dans le cadre de la préparation du Sommet
mondial sur la Société de l’information
(SMS) prévu en 2005 ;
SOMMES CONVENUS DE :
1. Accélérer la mise en oeuvre des mesures économiques, sociales et légales
spécifiques en faveur des femmes en vue de combattre
la pandémie de VIH/SIDA, et de mettre efficacement
en oeuvre les Déclarations d’Abuja et de Maputo
sur le paludisme, le VIH/SIDA, la tuberculose et les autres
maladies infectieuses connexes. Plus particulièrement,
nous veillerons à ce que le traitement et les services
sociaux disponibles pour les femmes au niveau local répondent
mieux aux besoins des familles qui fournissent les soins, nous
promulguerons des lois pour mettre fin à la discrimination
à l’égard des femmes vivant avec le VIH/SIDA
et pour la protection et la prise en charge des personnes vivant
avec le VIH/SIDA en particulier les femmes et nous augmenterons
les allocations budgétaires dans ces secteurs afin d’alléger
le fardeau des soins qui pèse sur les femmes ;
2. Assurer la pleine participation et représentation
des femmes au processus de paix, y compris
la prévention, la gestion et le règlement des
conflits et la reconstruction postconflit en Afrique, tel que
stipulé dans la résolution 1325 des Nations Unies
(2000) et de désigner des femmes comme Envoyées
spéciales et Représentantes spéciales de
l’Union africaine ;
3. Lancer dans un délai d’un an, une campagne d’interdiction
systématique du recrutement des enfants-soldats et de
l’exploitation des petites filles en tant qu’épouses
et esclaves sexuelles, en violation de leurs droits,
tels que consacrés dans la Charte africaine des droits
de l’enfant ;
4. Organiser et lancer dans un délai
de deux ans, des campagnes publiques soutenues contre
la violence à l’égard des femmes et le trafic
des femmes et des filles; de renforcer les mécanismes
juridiques pour assurer la protection des femmes à tous
les niveaux et mettre fin à l’impunité des
crimes commis contre les femmes, d’une manière
qui modifiera positivement l’attitude et le comportement
de la société africaine ;
5. Promouvoir et étendre le principe
de la parité entre les hommes et les femmes que
nous avons adopté concernant la Commission de l’Union
africaine à tous les organes de l’Union africaine,
y compris son programme du NEPAD, aux communautés économiques
régionales, et aux niveaux national et local, en collaboration
avec les partis politiques et les parlements nationaux dans
nos pays ;
6. Assurer la promotion et la protection
de tous les droits de l’homme, des femmes et des filles,
y compris le droit au développement par la sensibilisation ou par l’application des lois nécessaires,
le cas échéant ;
7. Promouvoir activement l’application
de la législation en vue de garantir les droits
des femmes à la terre, à la propriété
et à l’héritage, y compris leur
droit au logement ;
8. Prendre des mesures spécifiques destinées
à assurer l’éducation des filles
et l’alphabétisation des femmes, en particulier
dans les zones rurales, afin de réaliser l’objectif
de « Education pour tous » ;
9. Nous engager à signer et à ratifier le Protocole à la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des
femmes en Afrique, d’ici à la fin de 2004,
et à appuyer le lancement des campagnes de sensibilisation
visant à assurer l’entrée en vigueur du
Protocole avant 2005 et à ouvrir une nouvelle
ère pour la mise en oeuvre et la vulgarisation, par les
Etats parties au Protocole ainsi que d’autres instruments
nationaux, régionaux et internationaux sur l’égalité
entre les hommes et les femmes ;
10. Mettre en place AIDS Watch Africa
comme une unité au sein du cabinet du Président
de la Commission qui devra produire un rapport annuel
sur la situation du VIH/SIDA dans le continent au cours des
Sommets et promouvoir la production de médicaments antiretroviraux
dans nos pays ;
11. Accepter la création d’un
fonds d’affectation spéciale en faveur des femmes
en vue de renforcer les capacités des femmes africaines et de demander au Président de la Commission de l’Union
africaine d’élaborer les modalités de la
mise en place du Fonds, en mettant un accent particulier sur
les femmes des zones rurales et urbaines ;
12. Nous engager à faire rapport
annuellement sur les progrès réalisés dans
l’intégration
du genre, à appuyer et défendre toutes
les questions soulevées dans la présente
Déclaration aux niveaux national et régional et
à échanger régulièrement les informations
sur les progrès réalisés au cours de nos
sessions ordinaires ;
13. Nous demandons au Président de la
Commission de l’Union africaine de nous soumettre pour
examen, au cours de notre session ordinaire, un rapport
annuel sur les mesures prises pour mettre en oeuvre le principe
de l’égalité entre les sexes et intégrer
le genre et toutes les questions soulevées dans
la présente Déclaration, aux niveaux national
et régional.
Conférence de L’Union Africaine
La troisième session ordinaire,
Addis-Abeba, Ethiopie - 6 - 8 juillet 2004
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